Bénédiction des couples homosexuels :
le « oui » des évêques
Dans une déclaration publiée le 10 janvier, les évêques de France (CEF) ont défendu « un accueil large et inconditionnel » à la bénédiction des couples de même sexe.
Les évêques de France ont approuvé le texte du Vatican Fiducia supplicans
ouvrant la bénédiction aux couples qui vivent dans des situations « irrégulières »,
en particulier personnes homosexuelles ou divorcés remariés.
Certains seront déçus qu’ils en restent à une lecture « minimale », qui ne va pas plus loin que le texte romain.
En réalité, c’est heureux. Cette déclaration met fin aux initiatives d’évêques désirant donner leur interprétation,
et laisse sagement l’essentiel du jugement au niveau du terrain, en fonction des situations rencontrées.
Des critiques de prélats, notamment en Afrique, ont depuis fait monter la pression autour du texte du Vatican.
Ces derniers pointent notamment les possibles confusions qui peuvent s’instaurer entre une bénédiction pour un couple d’homosexuels et le sacrement du mariage. Certains y voient même un risque de schisme. On en est encore loin, du moins si l’on se remémore les divisions combien plus profondes que suscita la décision de Paul VI de rejeter la contraception non naturelle ( Humanae vitae).
Couples divorcés remariés : que change le document romain « Fiducia supplicas » ?
Les évêques rappellent donc ce qui sépare le sacrement du mariage de telles bénédictions. Surtout, ils en donnent le fondement :
« Ceux qui ne vivent pas dans une situation leur permettant de s’engager dans le sacrement de mariage ne sont exclus ni de l’Amour de Dieu, ni de son Église », car Jésus n’est « pas venu appeler des justes mais des pécheurs », que nous sommes tous.
C’est l’évolution souhaitée par le pape François : la foi est là pour accompagner et non exclure. La théologie morale n’est pas un ensemble d’interdits pour s’opposer aux pratiques, mais se construit en rapport avec elles, pour proposer des chemins d’humanisation.
La théologie morale, comme disait le théologien Xavier Thévenot, ne se mène pas dans un bureau, loin de ce que vivent les personnes.
Isabelle de Gaulmyn