Un peu d’Histoire – La Bastide Clairence
C’est en 1312 qu’une charte est octroyée par Louis Ier roi de Navarre, futur Louis X le Hutin de France aux habitants de La Bastide. Elle constituait la place la plus au nord du royaume de Navarre, enserrée par l’Aquitaine au nord, alors possession du roi d’Angleterre et au sud et à l’ouest par le royaume de Castille . Elle procurait aussi un débouché sur la mer avec la Joyeuse, petite rivière qui arrose La Bastide qui, à l’époque, était navigable jusqu’à l’Adour, puis Bayonne. Véritable colonie de peuplement, La Bastide attira dans un premier temps des paysans venant des Landes et du Béarn, puis des basques, tous ses habitants bénéficiant du statut d’hommes libres.
Ainsi qu’il est souvent coutume dans les bastides, l’église est quelque peu à l’écart de la place principale, ici de la rue centrale du fait de la configuration du terrain. C’est là que se regroupent les artisans qui vont faire prospérer la ville, qui connut jusqu’à 2500 habitants au 18ème siècle.
Construite au XIVe siècle, l’église fut consacrée en 1315 par l’Evêque de Pampelune. Elle était le lieu de rendez-vous des assemblées Capitulaires ( Chanoines et religieux), et des Etats Généraux du Royaume de Navarre jusqu’en 1789. Elle fut reconstruite quasi intégralement en 1776 car sa structure était très endommagée et menaçait ruine, mais elle conserva son style roman. Fait assez rare du fait de son importante population, l’intérieur est garni de trois galeries, réservées aux hommes.
L’église est entourée sur ses quatre côtés d’un vaste auvent, qui forme un préau servant de cimetière. Cette caractéristique est semble-t-il unique. Nous avons dénombré 144 pierres tombales, regroupées sous cet auvent, certaines toujours « utilisées ». Cela peut sembler étrange que les familles aiment ainsi déposer leurs morts dans un endroit où tout le monde peut passer (ou se mettre à l’abri), mais il ne faut pas oublier que dans le pays basque la maison de la famille et la pierre tombale sont indissociables . Ce préau toujours fleuri ne manque pas de charme, même si nous marchons sur les tombes des anciens Bastidots !
Parmi les habitants de La Bastide étaient venus s’installer une communauté de cagots. Tous ceux qui en faisaient partie étaient d’origine chrétienne, sans doute descendants de lépreux, mais mal acceptés par les habitants locaux. Ils étaient tenus de vivre à l’écart, de porter un signe distinctif sur leur habit (une patte d’oie), de ne pas se mêler avec les autres chrétiens (pas de mariage mixte). Ils étaient toutefois appréciés pour leur activité dans le travail du bois. Dans l’église ils devaient se tenir à part, au fond, et avaient leur propre bénitier afin de ne pas corrompre l’eau bénite… L’église a gardé un tel bénitier, dont fort heureusement tous les fidèles peuvent maintenant se servir.
Bénitier des cagots
Une autre singularité de cette église est que le cimetière – préau jouxte le cimetière juif, séparé par un simple chemin, alors que dans les autres communes du Sud-Ouest ayant accueilli des communautés juives (Bidache et Peyrehorade, sans parler de Bayonne) les cimetières israélites se trouvent le plus loin possible du cimetière chrétien.
Édifiée trois ans après la fondation de la Bastide-Clairence en partie haute du village, l’église est consacrée à la Vierge de l’Assomption en 1315 par l’évêque de Pampelune, avec l’accord de l’évêque de Bayonne. Des galeries extérieures sont créées au 16ème siècle afin de protéger les dalles funéraires situées tout autour de l’église.
En 1688, l’architecte Philippe Barthe, qui travaille à la cathédrale de Bayonne, construit deux sacristies.
Au 18e siècle, l’édifice présente un état de grande faiblesse : Plusieurs campagnes sont menées jusqu’en 1776.
Le chœur et la nef sont presque entièrement restaurés, un troisième niveau de galeries ainsi que la chaire sont créés. Une partie du décor intérieur subsisterait également de cette période. En 1796, les quatre cloches sont fondues.
Le cimetière préau, principale attraction de ce lieu a également accueillis les états généraux du royaume de Navarre aux 17ème et 18ème siècles jusqu’à la révolution française.
L’intérieur de l’édifice offre un bel exemple d’église basque à tribunes de bois avec également son retable monumental.
L’église Notre-Dame est un édifice protégé au titre des monuments historiques : en totalité (inscription par arrêté du 03 avril 1996).